Le logo choisi recueille et interprète le thème du XVIIe Chapitre Général: Femmes de la Parole qui aiment sans mesure. Reconfiguration à une vie de sainteté dans et pour la mission aujourd'hui. Il exprime le portrait d'une femme, attirée par le Christ, vivante et protagoniste dans l'Église qui sait lire les efforts et les attentes de notre temps. Illuminée par la PAROLE, elle écoute, proclame, célèbre et annonce à tous le message qui lui a été confié avec le témoignage de la vie, avec un nouveau langage. Elle est un rayon de lumière qui, surmontant les barrières et les obstacles, rencontre le monde entier, en l'animant d'une nouvelle vie.
Chères Sœurs, c'est avec un profond sentiment de gratitude que nous vous remettons le Document du XVIIe Chapitre Général, un événement ecclésial important pour la vie et la mission canossiennes, fruit du discernement des Sœurs Capitulaires, guidées et soutenues par l'action vivifiante de l'Esprit, par la prière et par l'offrande silencieuse et efficace de vous toutes. Le Chapitre Général a été vécu dans la joie, quoique sobre, de nous retrouver ensemble en présence, après la longue période de distanciation forcée due à la pandémie. Dialoguer autour d'une table, se confronter face à face en se regardant dans les yeux, prier ensemble, écouter la Parole et partager l'Eucharistie ont été des dons de Grâce, des signes de partage qui nous rappellent les paroles de Jésus : « Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Qui demeure en moi et moi en lui, porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5). Dans cette ambiance fraternelle, sûres de la présence de l'Esprit, qui surmonte les résistances, qui élargit les cœurs et nous rend courageux, nous sommes entrées dans la réflexion du thème du Chapitre : « Femmes de la Parole qui aiment sans mesure. Reconfiguration à une vie de sainteté dans et pour la mission aujourd'hui ».
Nous avons partagé des expériences de vie, des urgences pastorales de différents domaines géographiques, culturels et sociaux, en essayant d'écouter en eux le cri des pauvres, l'appel de notre maison commune, les besoins de l'Institut et les provocations du récent Magistère Ecclésial sur la Vie Consacrée (Interculturalité, Synodalité, Leadership, Formation, Mission, Famille Charismatique, Intercongrégationnalité, Laïcat). L'histoire d'aujourd'hui, marquée par de nombreux conflits, nous pousse à faire des choix ministériels audacieux, à assumer des nouveaux styles de vie fraternelle, ministérielle et de leadership évangélique, sans se décourager si, comme les disciples, nous constatons que nous n'avons rien pris, en faisant confiance au Seigneur et à son invitation à risquer sur sa Parole : « Jetez le filet de côté droit de la barque et vous trouverez » (Jn 21,6).Le Document Capitulaire désire être un outil qui indique les changements possibles à assumer avec une responsabilité partagée et “ un cœur sage" (1 Rois 3,12), dans chaque Province et Délégation. Il est proposé comme une suggestion de formation continue, sollicitant les processus de formation et de mise en œuvre du Charisme reconnu comme la richesse d'un don disponible, qui s'exprime dans la diversité et le caractère concret des situations ecclésiales et sociales. C'est en quelque sorte ce "vin nouveau" qui porte en lui la nouveauté de l'Évangile, invite, pousse au changement, donne une vision, le goût du bien, le sens d'appartenance, une plus de clarté sur la voie à parcourir. Nous savons qu’en période de changement, l’exigence de revenir à l'essentiel se fait davantage sentir : comment ne pas revenir avec promptitude et conviction à une écoute interrogative et contemplative de la Parole de Dieu ? Que "la Parole" écoutée, gardée, partagée soit la clé de lecture pour comprendre le passé, la lumière sur le présent, la porte grande ouverte sur l'avenir, afin que la Charité devienne chair de notre propre chair. Ayons confiance dans le Seigneur, en tant qu’Église en sortie, dans l'énergie du Charisme, dans l'humble et constante prière de toutes, pour une reconfiguration à une vie de sainteté pour et dans la mission aujourd'hui. Que Marie, Femme de la Parole et Sainte Madeleine, notre Mère, accompagnent le cheminement de nos communautés au cours des six prochaines années, afin que nous puissions rendre visible avec notre humanité le "Charisme de la Charité".
SR. SANDRA MAGGIOLO,
Supérieure Générale
Chères Sœurs, bonjour et bienvenue !
Je remercie la Supérieure Générale pour la salutation et pour la présentation de ce Chapitre. Et je remercie celle qui part, après huit ans, et retourne au Pays. Je voudrais partager avec vous quelques réflexions suggérées par le thème qui guide votre travail.
D'abord, femmes de la Parole. Comme Marie. Parce que les femmes parlent toujours, mais il faut parler comme Marie, ce qui est autre chose. Elle est la femme de la Parole, elle est la disciple. En la regardant, et aussi en conversant avec elle dans la prière, vous pouvez toujours apprendre à nouveau ce que signifie être "femmes de la Parole". Ce qui n'a rien à voir avec "les femmes du bavardage"; s'il vous plaît, ne confondez pas cela, il ne doit pas y avoir de bavardage entre vous ! Les Sœurs âgées peuvent témoigner aux jeunes un émerveillement qui ne se tarit jamais, une reconnaissance qui grandit avec l'âge, un accueil de la Parole toujours plus plein, plus concret, plus incarné dans la vie. Et les jeunes peuvent témoigner aux Sœurs plus âgées l'enthousiasme des découvertes, les élans du cœur qui, dans le silence, apprend à résonner avec la Parole, à se laisser surprendre, voire interroger, pour grandir à l'école du Maître.
Et les Sœurs d'âge moyen, que font-elles ? Elles sont plus à risque - soyez prudentes ! -, et parce que c'est un âge de transition, avec quelques pièges - les crises des années 40, 45, vous les connaissez - mais surtout parce que c'est la phase de plus grandes responsabilités et il est facile de glisser dans l'activisme, même sans s'en rendre compte. Et alors on n'est plus des femmes de la Parole, mais des femmes de l'ordinateur, des femmes du téléphone, des femmes de l'agenda, etc. Par conséquent, cette devise est la bienvenue pour toutes ! Pour retourner à l'école de Marie, se recentrer sur la Parole et être des femmes « qui aiment sans mesure ». La Parole, et non l'activisme, doit être au centre.
C'est le deuxième élément du thème : aimer sans mesure. Il y a un dicton qui dit que "la mesure de l'amour est d'aimer sans mesure". C'est une capacité qui vient de l'Esprit Saint ; cela ne vient pas de nous, de notre effort ; elle vient de Dieu, qui aime toujours sans mesure. Et Il nous attend toujours. La patience de Dieu avec nous m'émeut. Regarde comme ce Père que nous avons est patient ! Cette qualité d'être sans mesure est propre à l'amour de Dieu ; pourtant cet amour - dit Saint Paul
- « a été répandu dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 5). Il est alors possible d'aimer sans mesure en faisant place à l'Esprit et à son action dans notre vie. C'est la sainteté. Femmes de l'Esprit, comme Marie. Laisse l'Esprit te conduire en avant. Cœurs ouverts à l'Esprit.
En effet, le thème de votre Chapitre parle de « reconfiguration à une vie de sainteté » - reconfiguration : le mot est beau, je l'aime - et ajoute : « dans et pour la mission, aujourd'hui ». La sainteté et la mission sont des dimensions constitutives de la vie chrétienne et sont inséparables l'une de l'autre. On peut le résumer ainsi : tout saint, toute sainte est une mission (cf. Exhortation apostolique Gaudete et exsultate, 19).
Le témoignage de Madeleine de Canossa le démontre bien. Elle se sentait appelée à se donner entièrement à Dieu, mais en même temps elle sentait aussi qu'elle devait être proche des pauvres. Dans son cœur de jeune femme, il y avait ce double besoin, cette double appartenance : à Dieu et aux pauvres, qui dans son cas étaient les gens des quartiers périphériques de Vérone.
Attention : c'est l'Esprit qui la guide, à travers des situations concrètes,
et elle se laisse guider ; elle cherche sa voie mais reste toujours docile. Docilité : rien à voir avec le caprice, ni avec l'entêtement : je veux faire ça… Non, la docilité à l'Esprit. C'est le secret ! Et ainsi la charité du Christ façonne son cœur, façonne sa vie ; sur le modèle de la Vierge Marie, qui a dit "oui" dès le début, pleinement, puis a fait son pèlerinage dans la foi à la suite de son Fils et est devenue pleinement mère sous la Croix. La vie de Madeleine a été « configurée » à la sainteté du Christ, sur le modèle de Marie, sous la forme missionnaire concrète dictée par la réalité dans laquelle elle a vécu. Et ce "oui" de sa part, dit non pas en paroles mais en actes, a été générateur : le Seigneur lui a envoyé des compagnons avec qui partager le chemin de la sainteté et de la mission. Et donc vous êtes arrivées à ce moment.
J'ai aimé le nombre de novices que vous avez : cela indique fécondité, la fécondité de la congrégation. C'est un chiffre de la fécondité. C'est dommage qu'il y ait peu de monde ici en Europe, mais c'est l'hiver démographique européen : au lieu d'enfants ils préfèrent avoir des chiens, des chats, ce qui est un peu de l'affection programmée : je programme de l'affection, ils me donnentl’affect ion sans problème. Et s'il y a de la douleur ? Bon, il y a le docteur vétérinaire qui intervient, c'est ça ! Et c'est une mauvaise chose. Veuillez aider les familles à avoir des enfants. C'est un problème humain, et aussi un problème patriotique.
Chères sœurs, vous voulez vous « reconfigurer » aujourd'hui selon cette forme de vie. Et le secret est toujours le même : laissez-vous guider par l'Esprit Saint pour aimer Dieu et les pauvres. Mais « aujourd'hui » : c'est l'aujourd'hui de l'Église, c'est l'aujourd'hui de la société, mieux encore, des différentes sociétés dans lesquelles vous êtes présentes. Avec ces situations de pauvreté, avec ces visages qui demandent proximité, compassion et tendresse. "Ah, quelle nouvelle chose dites-vous, Père !". Non, c'est le style de Dieu. Dieu agit toujours ainsi, avec proximité, compassion et tendresse. Il nous approche, pardonne et caresse. Toujours. Le style de Dieu est la proximité, la compassion et la tendresse. N'oubliez pas cela. C'est très important. Je vous remercie pour votre courage et votre générosité. Je vous remercie pour la joie de vos cœurs et de vos visages.
La joie est l'un des fruits de l'Esprit et un signe clair de l'Évangile, surtout lorsqu'elle transparaît dans le partage avec des frères et sœurs dans des conditions de détresse et de marginalisation.
C'est la joie. Et aussi dans le partage avec les Sœurs de la communauté. Oui, car il peut arriver qu'on se montre plein d'enthousiasme au service des pauvres et qu'ensuite on reste seul à la maison et on ne vive pas la fraternité... Ce n'est pas un bon signe, car on se plaint : "Cette supérieure..." , et l'autre, ce problème... Dans l'ancien diocèse [Buenos Aires] il y avait une religieuse qui avait cette habitude de se plaindre, et tout le monde l'appelait « sœur Lamentela ». Aucune d'entre vous n'est "sœur Lamentela", mais la tentation de se plaindre, de critiquer... c'est mauvais pour le corps, ça fait mal.
"Mais, Père, ça vient à moi !". Et tu vas le dire à la personne : « Tu as ce défaut » ; ou sinon dis-le à qui peut le réparer. Mais qu'est-ce que tu gagnes à aller voir les Sœurs et à dire : « Mais regarde ça, ça, ça… » ! C'est le commérage, qui blesse tellement et tue la Parole de Dieu : "C'est difficile, Père, de résoudre le problème du commérage, parce que le commentaire vient à toi...". Oui, c'est comme le dessert, qui vient à toi... Mais il y a un bon remède contre le bavardage, et c'est très simple : si tu es tentée de bavarder sur les autres Sœurs, mords-toi la langue, ainsi ça gonfle bien et tu ne pourras pas parler Entendu ? S'il vous plaît, pas de bavardage, cela tue la vie communautaire.
Je voudrais ajouter deux choses. La première concerne la dimension communautaire, et je la tire de l'Exhortation 'Gaudete et exsultate’ : “La sanctification est un cheminement communautaire […]. Vivre et travailler avec les autres est sans aucun doute une voie de croissance spirituelle. [...] Partager la Parole et célébrer l'Eucharistie ensemble nous rend plus frères [et sœurs] et nous transforme peu à peu en une communauté sainte et missionnaire” (141-142). Nous ne pensons pas aux grandes choses, mais plutôt aux détails du quotidien. Comme en famille, c'est là que se manifeste la charité : « La communauté qui sauvegarde les petits détails de l'amour, où les membres prennent soin les uns des autres et sauvegardent un espace ouvert et évangélisateur, est le lieu de la présence du Ressuscité qui la sanctifie selon le dessein du Père" (145). Prenez soin de cela dans les communautés : prenez soin les unes des autres. Et pas de bavardage.
Le deuxième accent, avec lequel je conclus, est celui de l'importance de la prière d'adoration. Nous avons oublié la prière d'adoration : nous savons ce que c'est, mais nous ne la pratiquons pas beaucoup. Adorer. Adorer. En silence, devant le Seigneur, devant le Saint Sacrement, adorer. Prière d'adoration. Et là encore vous pouvez vous référer au témoignage de votre Fondatrice, qui, comme d'autres Saints et d'autres Saintes de la charité, puisait son zèle apostolique surtout en restant en adoration à la présence du Seigneur. N'ayez pas peur d'adorer : allez-y. « Mais, c'est ennuyeux… ». Va adorer. Laisse faire au Seigneur. Le mouvement de l'esprit qui se décentre pour se centrer dans le Christ - et c'est l'adoration : le décentrement - est ce qui rend possible un service du prochain qui n'est pas piétisme ou welfarisme, mais ouverture à l'autre, proximité, partage, en un mot : charité.
Chères sœurs, allez-y, courage ! Je vous remercie pour cette visite, et surtout pour qui vous êtes et pour ce que vous faites dans l'Église. Je demande à l'Esprit Saint de vous donner lumière et force pour bien conclure votre Chapitre et pour le cheminement de l'Institut. De tout mon cœur, je vous bénis ainsi que toutes les Sœurs de toutes les parties du monde. Et s'il vous plaît, n'oubliez pas de prier pour moi.
Pape François